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Pourquoi parler de la bio ?

Communément on parle « du bio ». Pourtant, en confrontant différentes sources imprimées et en ligne1, on se rend compte que le bio renvoie à l’industrie de l’agriculture biologique, aux logiques de marché, ce qui réduit considérablement son sens fondamental.

En effet, si on emploie l’article féminin, l’industrie se transforme en philosophie. De vie. En effet, il n’est plus seulement question d’agriculture et de récoltes mais aussi des êtres vivants dans leur ensemble. Une philosophie qui met l’accent sur de vraies valeurs telles que le respect des autres (lien social), des animaux, des terres, de la biodiversité ; la protection des variétés anciennes et de nos sols ; la collaboration et l’échange avec des agriculteurs d’ici et d’ailleurs (n’oublions pas de citer ici le commerce équitable), un droit du travail respecté. En d’autres termes, l’engagement humain se trouve au centre des préoccupations, tout comme la transparence.

Mais attention, cette distinction langagière n’a rien à voir avec un point de vue élitiste. Acheter bio sans prendre en compte le facteur vivant (avec des produits issus de l’agriculture biologique produits de manière intensive – en France, en Europe, dans le monde entier – pour répondre à la demande des grands industriels) n’est malheureusement pas automatiquement plus éthique. Pour un certain nombre de consommateurs, en venir au bio correspond à la prise de conscience des problèmes sanitaires (perturbateurs endocriniens, pulvérisations chimiques sur les champs et les produits – je pense, par exemple, aux clémentines d’Espagne du secteur conventionnel traité avec imazalil et pyrimethanil – deux fongicides – et dont les traitements d’enrobage sont à base de cires E-904 et E-974) et il s’agit de déplacer leur consommation de produits conventionnels vers des produits AB sans prendre en compte un système, une philosophie, avec le risque de s’engouffrer de nouveau dans un mode de vie marqué par le marketing (ce qui accroît le pouvoir économique des grands groupes), où le bio devient une marchandise comme une autre. Ces consommateurs ne connaissent pas le maraîcher, mangent des pommes sur-emballées et du concombre en décembre, utilisent des farines de blé certes labellisées mais dont l’origine est « non-UE », tout cela acheté au supermarché. Est-ce vraiment cela manger bio ? A l’heure actuelle, pour protéger notre environnement, nous devons nous battre contre les grands distributeurs, qui veulent industrialiser la bio, et l’idéologie de la rentabilité à tout prix. C’est pourquoi, en tant que consommateur responsable, notre rôle est d’acheter des produits de circuits de proximité, où il est possible d’échanger directement avec les producteurs.

La philosophie biologique est éthique, sociale et respectueuse.

La philosophie biologique ne devrait pas chercher l’enrichissement financier mais humain.

La philosophie biologique, à mon sens, devrait reposer sur une économie du partage (de connaissances, de temps – on ne fait pas son marché comme on fait ses courses en grand surface) et de la préservation (par le respect de la saisonnalité ainsi que des producteurs locaux).

La philosophie biologique est à la fois une démarche et une attitude éco responsable à développer, en privilégiant l’achat de produits d’agriculture biologique locaux.

La philosophie biologique nous enseigne la diversité.

1 Stenka Quillet, Les guerres du bio, Paris, Grasset, 2019 ; Frédéric Denhez, Acheter bio ? A qui faire confiance, Paris, Albin Michel, 2019 ; https://www.produire-bio.fr/cest-quoi-la-bio/histoire-de-la-bio/ ; https://mescoursesenvrac.com/question-tue-on-dit-bio-bio/ ; https://www.agencebio.org/decouvrir-le-bio/quest-ce-que-lagriculture-biologique/