1e partie : l’hygiène corporelle
La reprise de l’année scolaire est souvent synonyme de manque de temps et le bien-être n’est plus la priorité. Pourtant, avec l’arrivée de l’automne et de l’hiver, le corps est davantage mis à l’épreuve et nous devenons plus fragiles et vulnérables. Voici quelques pistes de réflexion et quelques orientations pour choyer votre peau et votre intérieur.
Pour aborder la question de l’hygiène corporelle, je vais m’attarder sur deux produits indispensables dans notre salle de bain : le shampoing et le dentifrice.
Lorsqu’on fait ses courses, il n’est pas toujours évident de s’attarder sur chaque liste d’ingrédients. Pourtant, les substances chimiques occupent un pourcentage important des composants des produits vendus dans le commerce. L’enjeu pour nous et notre planète est de taille car il s’agit de protéger notre santé et de veiller à réduire la pollution de notre écosystème. Pour cela, la première étape est de reconnaître les noms des substances plus ou moins toxiques.
Les substances chimiques qui nous entourent
Commençons par le shampoing. Voici la liste des composants à éviter :
- hydroxyde de sodium = sodium hydroxide (soude caustique qui régule le PH des cosmétiques mais peut irriter les yeux)
- bétaïne de cocamidopropyle = cocamidopropyl betaine (tensioactif synthétique)
- alcool benzylique = benzyl alcohol (conservateur)
- benzoate de sodium = sodium benzoate (conservateur antifongique synthétique, également connu sous le nom E 211)
- sorbate de potassium = potassium sorbate (conservateur pouvant être allergisant, également connu sous le nom E 202)
- acide déhydroacétique = dehydroacetic acid (conservateur fongicide et bactéricide pouvant être allergisant, également connu sous le nom E 265)
- parfum (substances souvent synthétiques pouvant être irritantes)
Un composant est, quant à lui, à proscrire. Il s’agit du dioxyde de titane ( = titanium dioxide, CL 77891 / E171 / TiO2), qui est utilisé comme agent blanchissant. Le dioxyde de titane est plus nocif dans le dentifrice que dans le shampoing mais, dans tous les cas, il peut pénétrer la peau et s’avérer toxique. Comme l’indique l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail :
« En raison de ses propriétés physico-chimiques, une exposition par voie respiratoire au TiO2, à un certain niveau de concentration, peut entraîner une surcharge pulmonaire et conduire à une réaction inflammatoire, à l’origine de lésions prolifératives. Les données actuellement disponibles, telles qu’analysées par l’Anses, démontrent que le TiO2 peut entraîner des tumeurs malignes chez le rat après une exposition par inhalation. Un niveau de preuve suffisant permet de considérer le TiO2 comme cancérogène avéré chez l’animal au vu des données expérimentales. Chez l’Homme, le caractère cancérogène reste débattu du fait de limites méthodologiques des études épidémiologiques disponibles. Ces études ne permettent ni de valider, ni d’invalider les données animales ».
pour plus d’informations : https://www.anses.fr/fr/content/dioxyde-de-titane
Même si les études demandent à être approfondies, restons prudents en refusant d’utiliser ce composant chimique.
Continuons avec un produit que nous utilisons plusieurs fois par jour : le dentifrice. Vous l’aurez compris, le dioxyde de titane est à mettre au ban. Mais ce n’est pas le seul… Le laurylsulfate de sodium (= sodium lauryl sulfate), agent moussant, ainsi que plusieurs agents conservateurs, le triclosan et le chlorure de cétylpyridinium ( = cetylpyridinium chloride) sont désormais considérés comme des perturbateurs endocriniens(*1).
D’autres substances sont aussi à limiter :
- fluorure de sodium = sodium fluoride (fluorure censé renforcer l’émail)
- monofluorophosphate de sodium = sodium monofluorophosphate (fluorure censé renforcer l’émail)
- bétaïne de cocamidopropyle = cocamidopropyl betaine (agent moussant)
- acide benzoïque = benzoic acid (conservateur)
- chlorhexidine (conservateur)
- PEG + chiffre (agent humectant)
N’oublions pas que notre peau et nos muqueuses sont des tissus vivants, perméables et fragiles, protégeons-les des substances toxiques. Un dentifrice ou un shampoing qui ne mousse pas n’est pas signe d’un mauvais produit mais plutôt d’un cosmétique naturel, pensez-y et surtout parlez-en autour de vous !
Pollution de notre écosystème
Du point de vue environnemental, notons également que ces substances chimiques entraînent une pollution à plusieurs niveaux :
- lors de la fabrications des produits de beauté. Par exemple, de nombreuses huiles minérales entrant dans la composition de ces produits sont issues de la pétrochimie ;
- lors de leur utilisation quotidienne : les résidus des produits et cosmétiques se retrouvent dans les eaux usées et les nappes phréatiques (ces substances ne sont généralement pas biodégradables…)
L’utilisation à grande échelle de ces substances chimiques s’avère catastrophique pour le milieu aquatique. Pour aller plus loin, je vous conseille l’article en ligne « Cosmétiques et pollution : l’alerte des scientifiques pour la planète ! » d’Aurélie Montreau, docteure en pharmacie. L’enjeu ne se limite pas à prendre soin de soi, il s’agit de prendre en considération notre écosystème dans son ensemble.
Que faire pour préserver notre santé et notre environnement ?
La beauté au naturel
Tournons-nous vers des produits de beauté sains, naturels et écologiques. Veillons à ce que nos cosmétiques ne contiennent ni colorants, ni parabens, ni OGM, ni conservateurs, et qu’ils ne soient pas testés sur les animaux. En d’autres termes, il s’agit d’opter pour des produits de beauté responsables. Vous l’aurez compris, les produits certifiés « agriculture biologique » sont à privilégier. Ils sont certes plus chers mais nous garantissent une double protection (de notre corps et de la planète).
Ainsi que je vous en parlais dans l’article « Trucs et astuces pour changer les habitudes de consommation« , repérez les logos. Pour les produits de beauté et les cosmétiques, dirigez-vous vers les labels suivants : Nature & Progrès, Cosmébio, NaTrue, Demeter, Ecocert (plus précisement Ecocert Cosmétique Biologique) ainsi que One voice orange (répondant à trois critères exigeants : non-testé sur les animaux, végane et matières premières issues de l’agriculture biologique). Pensez également à vérifier lors de vos achats que les emballages sont recyclables.
Concernant les dentifrices, choisissez un produit fabriqué en France et correspondant à vos besoins (gencives sensibles, haleine fraîche, sans huiles essentielles, riches en oligo-éléments (dentifrices aux algues), en actifs de plantes, etc.). Vous pouvez alterner le dentifrice du commerce avec un dentifrice « maison », mais ce dernier ne pourra pas être utilisé de manière continue car sa granulométrie est plus importante et, par conséquent, il aura un effet plus abrasif sur la dentition (ce qui fragilise l’émail sur le long terme).
Pour ce qui est du démaquillage quotidien (mais aussi pour les cheveux!), les huiles végétales offrent de très bonnes alternatives. Peau sèche, peau mature, peau grasse, peau acnéique, peau mixte, peau normale, peau sensible, peau réactive : il y en a pour tous les types, comme nous le présente le tableau suivant :
Huile végétale | Hydrolat | |
Peau sèche | Avocat, rose musquée, amande douce | Fleur d’oranger, rose, camomille |
Peau sensible | Rose musquée, calendula (macérât), amande douce | Bleuet, hamamélis, camomille |
Peau mixte | Jojoba, macérât de carotte | Lavande, géranium |
Peau déshydratée | Macadamia | Fleur d’oranger, rose |
Peau mature | Argan, noyaux d’abricot, onagre, rose musquée | Rose, géranium |
Peau fragile, petits vaisseaux | Calophylle | Hamamélis, hélichryse |
Pour procéder au démaquillage, rien de plus simple ! Deux possibilités s’offrent à vous : soit vous faites chauffer l’huile sur le bout des doigts et vous vous massez directement, sur une peau préalablement humidifiée ; soit vous l’appliquez à l’aide d’un coton lavable (ou bien sur une éponge végétale humide). Pour le démaquillage des yeux, y compris ceux sensibles, l’huile végétale de ricin est particulièrement recommandée car elle est reconnue pour fortifier les cils. Les éventuelles traces d’huile végétale sur la peau se retirent très facilement grâce à une eau florale ou un hydrolat, également choisi en fonction du type de peau.
De nombreuses sources s’accordent à dire que l’huile à avoir toujours chez soi est l’huile de coco qui, en plus de s’utiliser en cuisine, convient à tous les types de peau et est antibactérienne (c’est pourquoi, elle est très souvent utilisée dans les dentifrices « maison »). Néanmoins, le problème qui se pose concerne son exploitation en monoculture (du fait de sa popularité actuelle) et donc des conséquences sur la biodiversité – ainsi que de sa provenance (question du transport). L’huile de coco vierge extraite à froid a des bienfaits et il serait dommage de s’en priver mais utilisez-la de manière responsable. Dirigez-vous vers un produit estampillé « commerce équitable » et « agriculture biologique », vendu dans un emballage recyclable et n’achetez pas d’huile de coco désodorisée (appelée coprah) ayant subie un chauffage.
Chaque jour, votre peau est soumise aux agressions extérieures (pollution, tabac, produits chimiques, maquillage, soleil / climat, brûlures) et intérieures (manque de sommeil, stress), ce qui l’abîme, voire l’irrite. Prenez-en donc bien soin en lui accordant un moment chaque matin et chaque soir.
Concernant les savons, le lavage des mains étant une action de tous les moments de la journée, partez à la découverte de produits artisanaux, naturels, doux et surtout saponifiés à froid afin d’éviter les problèmes de peau. Comme l’explique Viviane Foré, gérante de la savonnerie Le Moulin à Savon :
Les savons à froid, comme leur nom l’indique, sont fabriqués sans être chauffés, à température ambiante, donc non cuits. On mélange les graisses et la soude, formant une pâte qui va durcir en 24h. Puis on découpe les savons que l’on laisse sécher (on dit aussi curer) au moins 4 semaines avant de pouvoir les utiliser. Ce long temps de cure explique aussi pourquoi l’industrie s’est détournée de ce mode de fabrication. [… Les savons] conservent ainsi les propriétés des huiles utilisées, qui seraient dénaturées par la cuisson. En plus ils sont surgraissés : ils contiennent entre 5 et 8% d’huiles non saponifiées (non transformées en savon). Ils sont donc plus riches, plus nourrissants. Les savons à froid sont aussi naturellement glycérinés, ils contiennent de 8 à 10% de glycérine produite par la réaction. C’est un agent hydratant. L’industrie extrait cette glycérine qu’elle revend séparément mais les savons à froid la conservent. Surgras et glycérinés, parfaits pour respecter le film hydrolipidique de la peau !
Pour découvrir ces magnifiques savons bio-écologiques, rendez-vous ici
Autre savon écologique et économique, qui vous servira aussi bien pour le corps que pour la maison : le fameux savon de Marseille. Pour le choisir, vérifiez que chaque face du savon comporte la mention « 72% d’huile d’olive » (le savon sera donc de couleur verte *2), ainsi que le nom de la savonnerie.
Votre peau se nourrit également de l’intérieur. Privilégiez donc une alimentation saine et variée. Je vous en parlerai dans le deuxième volet de notre enquête sur les composants.
Pour aller plus loin sur l’hygiène corporelle, je vous conseille les lectures suivantes :
- Stéphanie Chica, J’adopte la green attitude, Paris, Le Temps apprivoisé, 2018.
- Marie-France Farré, Labo zéro conso, Paris, Eyrolles, 2017.
- Sylvie Hampikian, Créez vos cosmétiques bio, Mens, Terre Vivante, 2009.
- Elodie-Joy Jaubert, J’aime mes cheveux. Tous les soins de beauté au naturel, Paris, La Plage, 2014.
- Sophie Lacoste, Secrets de beauté, Paris, Leduc.s éditions, 2016.
- François Morillon, Le livre vert de la cosmétique bio, comment s’y retrouver ?, Clamecy, Courrier du Livre, 2008.
- magasine Le bon choix santé
* Notes :
1. Selon l’Organisation mondiale de la santé, un perturbateur endocrinien « désigne une substance ou un mélange exogène qui altère les fonctions du système endocrinien et induit en conséquence des effets nocifs sur la santé d’un organisme intact (ou) de ses descendants ». (Pour plus de détails, le rapport est disponible ici : State of the science of endocrine disrupting chemicals – 2012 – OMS)
2. Le savon de Marseille de couleur blanche est quant à lui fabriqué à partir de coprah et bien souvent d’huile de palme. Ce savon est donc bien évidemment à éviter.