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Le Jugement dernier

Le 12 janvier 1924, Blaise Cendrars embarque au Havre à bord du Formose, le paquebot qui doit le mener au Brésil. Dans sa malle, les manuscrits inachevés de Moravagine et Le Plan de l’aiguille. Au cours des 25 jours que dure la traversée, il laisse ces manuscrits en souffrance, mais écrit de courts poèmes et des lettres-océan qu’il envoie à son amour laissé derrière lui à Paris. Quand tu aimes il faut partir, tape-t-il de sa main unique sur sa Remington portable.Le 6 février, il débarque à Santos et poursuit le voyage en train jusqu’à São Paulo. Sur place, il fait l’expérience du présent tumultueux de la réalité brésilienne, dans lequel il voit la manifestation la plus achevée de cette modernité qu’il a toujours cherché à retranscrire dans ses poèmes. Il découvre l’effervescence du carnaval de Rio, la ferveur des fêtes populaires, la splendeur baroque des églises du Minas Gerais, assiste à la révolution manquée du général Isidoro Lopez, visite les immenses plantations de café de l’intérieur des terres. Il s’enivre de la beauté des lieux et des êtres qui les habitent. Il attend, sans trop savoir quoi. Il lit. Bien souvent il ne fait rien, et c’est dans cette vacuité que quelque chose, plus tard, parviendra à se dire. La littérature se forme dans les temps morts de l’action, entre les pas de la marche, dans les conversations entre amis. À la fazenda du Morro Azul, la Montagne Bleue, il fait la connaissance d’un propriétaire terrien qui a découvert dans le ciel austral une constellation nouvelle. 25 ans plus tard, dans Le Lotissement du ciel, Blaise Cendrars fait le récit de sa rencontre avec cet homme, qui croisa le regard de Sarah Bernhardt, la divine, lors d’une de ses tournées au Brésil, et en tomba éperdument amoureux. Il s’est depuis retiré du monde et vit dans la solitude de sa plantation, devenue le paradis des oiseaux depuis qu’il y a interdit le moindre coup de fusil, où il écrit à l’aimée des poèmes et des lettres qu’il n’envoie pas. Une nuit, en 1914, assis dans l’allée devant la maison, tout fiévreux d’angoisse à l’idée des forces de destruction qui s’abattent sur Paris et son amour, il lève les yeux au ciel, et découvrit, parmi le miroitement infini, un peu à gauche au-dessous de la Croix du Sud, la forme de la Tour Eiffel, dessinée par dix étoiles appartenant à des constellations connues. Il donne à sa découverte le nom de La Tour Eiffel Sidérale. Le 19 août, Blaise Cendrars embarque à Santos à bord du Gelria, le paquebot qui doit le ramener en France. Dans Le Lotissement du ciel, il fait le récit d’une traversée de retour à bord du Gelria. Il raconte qu’il emporte avec lui 250 tangaras septicolores, car il a promis à son amour, la petite fille des Batignolles, de lui rapporter vivant un de ces oiseaux dont aucun n’est jamais parvenu à franchir l’Atlantique. Chaque jour, de nouveaux oiseaux meurent, dont il jette les cadavres par-dessus bord. À Lisbonne, il ne reste plus que 7 oiseaux. À Cherbourg, où Blaise Cendrars débarque, plus que 3. Des 3 restants, 2 meurent dans le train vers Paris, et la chère petite fille a juste le temps d’admirer le plumage, éblouissant d’ordinaire au sein des envols de milliers d’individus dans les clairières de la forêt vierge, du dernier oiseau, avant qu’il ne s’éteigne à son tour. Quand ma mère est morte, en 1907, écrit Blaise Cendrars, on trouva dans ses cartons et ses boîtes à chapeaux des panaches, des aigrettes, des couteaux, des toupets, des paradis, des touffes de coq noir, genre bersaglier, et de coq blanc, genre casoar, des plumes de coq de bruyère en bouquet, des brochettes de colibris, des toques, des manchons de lophophore, des crêtes de huppe, du duvet de cygne, des plumes d’autruche, de la poule faisane, des colombes et des mouettes, des bengalis, des gorges de pigeon et jusqu’à une tendre perdrix. Il y en avait pour plusieurs centaines de mille francs. Tout cela sentait le camphre et redeviendra à la mode et sera encore une fois porté par les âmes sensibles. Mais dans tous ces colifichets pas un seul qui égalât la parure du sept-couleurs, et le jour du Jugement dernier la chère petite fille battra encore une fois des mains et éclatera de rire en reconnaissant son oiseau du tropique, et des cohortes de négrillons ailés – tous ces innocents morts de la fièvre jaune derrière les lagunes et dans les paranas – battront des mains avec elle en voyant se réveiller l’oiseau de leur enfance porté de traviole sur un ridicule chapeau de Paris par un vieil ange démodé.

Les oiseaux traversent l’espace au-dessus de nos têtes. Clouée au sol, l’âme est en exil, et nous gardons les yeux levés vers le ciel, à la recherche d’un point de perspective hors des contrariétés de ce monde. Les créatures ailées s’arrachent à la pesanteur, elles s’élèvent en réponse à un appel qu’elles sont seules à capter et dessinent dans l’air les figures d’un langage qui leur est propre. L’existence d’un espace immémorial, rendu sensible par l’articulation des signes qui le parcourent, a été explorée par Kate Bush sur le second disque de son septième album, Aerial. Conçu sous la forme d’une suite de 9 morceaux, le disque chronique le passage des heures au cours d’un jour d’été sans histoire, du milieu du jour à l’aube du jour suivant. Tout commence dans la torpeur de l’après-midi, entre le désir de faire quelque chose et la somnolence provoquée par une lumière écrasante qui semble tout droit remontée d’Italie. La lumière danse sur la peinture le long des murs et active de paisibles rêveries où les temps s’entremêlent, des oiseaux, qui seront partis à la fin de l’été, volettent et vaquent sans hâte à leurs activités. Le disque est traversé de nombreux chants d’oiseaux, de merles, de grives, de rouge-gorges, de pigeons ramiers, de mouettes. Sans s’imposer, ils s’intègrent aux compositions, leur présence reste un mouvement corrélé aux variations de l’atmosphère dans un espace qu’ils occupent sans le remplir. Les oiseaux vocalisent la lumière. Ils s’animent à son abord et se dépensent en pure perte comme pour lui rendre grâce. Ils volent et chantent en réponse au pur don d’exister. La musique manifeste la lumière. Elle révèle sa lutte avec l’obscurité, ouvre des lucarnes par où perce la clarté d’une brèche dans l’épaisseur des nuages. Elle apparaît, au détour d’un élargissement de l’espace harmonique, d’un éclaircissement dans la texture, d’un méandre dans le déroulement de la pièce. Elle brille, durable ou fugace, à la jonction des différents éléments. Le second disque d’Aerial laisse affluer un maximum de lumière entre les notes. Les rythmiques égales installent une temporalité fluide au sein de laquelle s’inscrivent comme autant d’événements minuscules de simples motifs mélodiques répétés et altérés au fil du passage du temps. La musique recherche la continuité dans les enchaînements, explore les nuances, les dégradés, se déplace sans effort au sein d’un espace restreint dont elle fait exister le moindre recoin par de petits gestes d’attention, quelques notes de piano, des accords étirés, de subtiles boucles électroniques, qui se superposent avec le plus haut degré d’intégration possible. Tout est baigné d’une clarté de compassion et de miséricorde, dans laquelle chaque note se détache avec une force expressive d’une grande douceur. L’énergie accumulée se libère par moments dans le resserrement du groupe autour de dynamiques rythmiques stéréotypées, comme pour dresser un portrait du pouvoir communicatif de la gaieté, sans que de telles saillies viennent rompre l’unité de ton et la force singulière de l’ensemble. La musique se maintient au point de bascule entre les deux versants du rythme, entre l’inspiration et l’expiration, entre la tension et la détente, l’instant et la durée, la langueur et l’extase, le mouvement et l’immobilité. À l’approche de la nuit, l’attente se fait plus insistante, et se met à la poursuite de formes stables auxquelles se raccrocher. Le ciel et la mer ne font qu’un, en une même absence de limites que l’âme s’attache à parcourir afin d’éviter de se perdre. La pulsation s’accélère, la musique avance comme dans un rêve et s’évertue à se fondre dans ce qui l’entoure pour en conjurer l’obscurité de l’intérieur. Mais la lumière finit par apparaître à l’horizon, d’abord hésitante puis de plus en plus assurée, elle nous délivre de l’inquiétude de la nuiten un long crescendo jubilatoire au cours duquel le solo frénétique d’une guitare électrique, comme ravie hors d’elle-même, fait éclater le cadre et advenir le jour. La lumière remonte le long de l’antenne et des rires se mêlent au chant des oiseaux. C’est une joie parfaite, pure de toute emprise. Les oiseaux s’élèvent dans le ciel et elle s’élance à leur suite hors du temps et disparaît.

La foi est une ouverture dans la nuit. Elle est une aspiration produite par la béance au cœur du réel. Elle traverse les ténèbres en offrant au miracle une chance de s’accomplir. Elle découvre que la réalité vécue est de l’autre côté. Le lit est vide, Johannes s’est enfui à nouveau de la ferme de Borgensgaard et son père et se frères se lancent à sa poursuite. Il porte un long manteau et des sandales aux pieds, ses cheveux noirs, tirés vers l’arrière, et son collier de barbe entourent un visage hagard. Il prêche, seul au sommet d’une colline, dans la lande du Jutland balayée par le vent. Malheur à vous pour votre manque de foi. Malheur à vous parce que vous ne croyez pas en moi, le Christ ressuscité, venu à vous selon le commandement de Celui qui créa le ciel et la terre. En vérité je vous le dis, le jour du jugement est proche. C’est le début du film Ordet de Carl Theodor Dreyer. Johannes voit une autre réalité derrière ce monde, dans laquelle il est le Christ revenu sur terre pour accomplir de nouveaux miracles et convertir les foules à l’approche du royaume de Dieu. Il erre sans but à travers les pièces de la ferme familiale, ses mouvements sont emphatiques et mal assurés, il déclame d’une voix aiguë des citations des évangiles et des prophéties auxquelles personne ne prête attention. La caméra parcourt avec lenteur l’espace traversé par les activités quotidiennes et révèle des perspectives toujours nouvelles dans lesquelles Johannes apparaît isolé des autres tel une ombre se mouvant dans les interstices. Il est la mauvaise conscience de la famille, celui qu’aucune prière n’a sauvé, comme le dit au matin le vieux Borgen à sa belle-fille Inger, autour du café qu’elle lui a préparé. Quand un père ne sait pas prier avec foi pour son enfant, il ne se produit pas de miracle, dit-il. Inger croit que de nombreux petits miracles ont lieu partout en secret et que le Seigneur entend les prières mais agit en cachette pour éviter que le bruit se répande. Elle est l’épouse de Mikkel, l’aîné des trois enfants de Borgen, qui a pris le relais de son père pour s’occuper de la ferme. Ils sont mariés depuis 8 ans et s’aiment avec une tendresse et un désir chaque jour renouvelés. Ils ont deux filles et elle est sur le point d’accoucher de leur troisième enfant. Inger est celle autour de qui la vie s’organise à Borgensgaard. C’est elle qui, discrètement, rend tout le reste possible. Elle est venue préparer Borgen à l’idée que le dernier de ses fils, Anders est amoureux d’Anne, la fille du tailleur Petersen. Il est pendant ce temps parti lui demander sa main. Rien ne pourrait être pire. Les deux pères sont les chefs de file de deux communautés regroupées autour de conceptions opposées de la foi. Pour Borgen, la foi est louange et célébration de la vie. Pour Petersen, elle est repentir et négation de ce monde en vue de se préparer une place au ciel. Borgen ne peut accepter de voir son plus jeune fils épouser la fille de son rival. Mais lorsque Anders, de retour, leur annonce, la mort dans l’âme, le refus catégorique de Petersen de lui accorder la main d’Anne, Borgen l’entraîne avec lui chez le tailleur pour réitérer la démarche. Petersen reste inflexible et alors qu’ils sont sur le point de repartir, le téléphone sonne, c’est Mikkel, il cherche à joindre son père pour lui annoncer qu’Inger est en danger de mort. L’accouchement est déclenché et l’enfant est mal positionné. Le docteur est là et s’affaire. 15 minutes plus tard, l’enfant est mort et la mère endormie. Le danger, pour elle, est passé. La caméra est dans la salle commune, où Borgen se réjouit avec le docteur. Une fois celui-ci reparti, Mikkel entre et annonce qu’Inger vient de mourir. Il erre sans but et arrête le balancier de l’horloge. Elle n’est pas morte, elle dort, dit Johannes. De Dieu je suis venu, moi le Christ, près de Dieu je resterai, sur les nuages du ciel, crie-t-il à son chevet d’une voix de plus en plus vacillante avant de s’effondrer de tout son long. Au cours de la nuit, il disparaît à nouveau, et personne ne le retrouve. Le jour de l’enterrement est arrivé. Ce qui reste de la famille est rassemblé autour du cercueil dont le couvercle n’est pas encore refermé. Ils sont vêtus de noir dans la lumière blanche qui inonde la pièce. La porte s’ouvre, c’est Petersen, il est venu offrir Anne à Anders, pour qu’elle prenne la place d’Inger au cœur de Borgensgaard. La joie refleurit sur les visages du père et du fils tandis que Mikkel, à côté, éclate en sanglots. Il faut se résoudre à laisser partir Inger et chacun tour à tour vient lui faire ses adieux. La porte s’ouvre, c’est Johannes, il n’est plus vêtu de son long manteau, ses cheveux sont brossés et son regard est clair. Il fait ses adieux à Inger. Mais l’aînée des petites vient lui prendre la main. Dépêche-toi, oncle, dit-elle. Il lui a promis que sa mère mourrait et qu’il la ressusciterait. Porté par la foi de l’enfant, il réitère sa tentative. Jésus, si c’est possible, permets-lui de revenir à la vie. Donne-moi la parole qui peut vaincre la mort. Il s’adresse à Inger et lui ordonne de se lever. Le silence est complet. L’instant est suspendu dans l’attente de son dénouement. De façon presque imperceptible, Inger se remet en mouvement, d’abord les doigts puis, au bout d’un temps qui paraît interminable, les yeux, qui s’ouvrent sur Mikkel à côté du cercueil, les bras, qui tentent sans force de se lever pour l’enlacer, enfin la bouche, qui lui mord éperdument la joue, comme pour goûter à nouveau la réalité de la vie. Le sourire simple et reconnaissant de l’enfant engloutit tout ce qui a précédé. Les horloges peuvent se remettre à fonctionner. La vie commence pour nous, déclare Mikkel en serrant Inger contre lui. Les yeux encore brouillés, elle répète, comme si les mots lui parvenaient de très loin. La vie, la vie.

La vie est un présent dont le sens est inaccessible. On peut tout au plus chercher à délimiter un cadre pour en appréhender les miracles. Dans une cabane en Norvège une vieille femme attend. Elle chante en regardant le chemin devant sa porte. Hiver et printemps peut-être passeront, et l’été suivant et toute l’année aussi, mais un jour tu viendras je le sais, et moi je t’attendrai, car je te l’ai promis. Celui qu’elle attend est parti courir le monde. Elle attend Peer Gynt, le hâbleur, le lâche, le vagabond. À 20 ans, il disparaît dans les montagnes et en revient avec des contes toujours plus extravagants pour justifier ses absences. Il passe des journées entières à se raconter des histoires dans lesquelles il règne sur le monde et à les adapter aux circonstances de façon à les tourner à son avantage. Il souffre de la tension entre un désir d’absolu et la nécessité d’être incarné malgré tout dans ce que la réalité a de plus banal. Le moindre nuage lui est prétexte à rêver et s’extraire d’un monde qui lui échappe. Au cours des noces d’Ingrid, la fille du propriétaire de Hæggstad, qu’il ne laissait pas indifférente autrefois et qui s’est fiancée durant sa dernière escapade sur les crêtes, il fait la connaissance de Solveig, une jeune fille arrivée avec ses parents dans la région peu de temps auparavant. La fête bat son plein et les danses se succèdent au son du hardingfele, et Peer Gynt, le jouisseur, le soûlard, l’indolent, est l’objet de la risée générale. Solveig refuse de danser avec lui, et il enlève la mariée et s’enfuit avec elle dans les montagnes. Sitôt dégrisé, il se désintéresse de sa proie et poursuit seul son chemin. Devenu proscrit suite à son acte, il est contraint de se réfugier dans la forêt et Solveig l’y rejoint bientôt. Elle a tout abandonné pour venir vivre avec lui. Mais dans les montagnes, où tout a une double apparence, on est soumis à toute sorte de créatures et d’influences contradictoires dont il est difficile de savoir si elles sont bonnes ou mauvaises. Pas disposé à se laisser définir par des forces venues du dehors, et décidé à vivre ses propres expériences, Peer Gynt prend la fuite. Il parcourt le monde et devient armateur, marchand d’esclaves, chasseur de fourrures dans la baie de Hudson, chercheur d’or en Californie, prophète dans une tribu nomade, empereur dans un asile d’aliénés au Caire. À l’âge de la vieillesse, ruiné, il fait son retour au pays, et la mort se présente à lui sous la forme d’un fondeur de boutons qui vient lui réclamer son âme pour la refondre avec celles des gens qui comme lui n’ont pas eu le courage de mener jusqu’au bout ce qu’ils portaient en eux. Sa vie a été médiocre, même le diable ne veut pas de lui. Les différents aspects de sa personnalité se détachent telles les pelures d’un oignon sous lesquelles ne se trouve aucun noyau. Il découvre avec effroi que tout a été en vain. Dans le magma de la vie, il n’a pas été capable de dégager des allées dans lesquelles puisse circuler la clarté. Sa longue fuite en avant à la poursuite de lui-même n’a débouché sur rien. Il se tourne vers les étoiles à la recherche d’une réponse mais le ciel reste silencieux. Seul le néant l’attend. Des fidèles traversent la forêt pour se rendre à l’église en cette aube de la Pentecôte et entonnent un cantique. Une lumière brille à la fenêtre d’une cabane. À l’intérieur, une vieille femme, presque aveugle, chantonne en se préparant pour aller à l’église. C’est Solveig. Elle l’a attendu. Elle lui ouvre ses bras, toute à la joie de le retrouver et son chant se transforme en berceuse de consolation. Je vais te bercer, je vais veiller, dors et rêve mon garçon. Sa voix se mêle au cantique des fidèles dans l’air du matin. L’amour est un miracle, comme le chant des oiseaux, le sourire des enfants et la résurrection des morts. En lui s’opère le renversement du temps. L’instant cède sous la pression de tout ce qui l’implique, et il ouvre une brèche dans laquelle s’engouffrent la mémoire et la perte. Il s’établit en un présent inévitable, et sans souci du ridicule, il bascule dans l’éternité. Ne me laisse pas t’oublier.