Dans le cadre de la Semaine Européenne de la Réduction des Déchets (du 21 au 29 novembre 2020), l’équipe de Tout ne part pas en fumée donne la parole à ses lecteurs sur leur pratique quotidienne – à la maison, en cuisine, en cosmétiques, pour les courses, etc. – afin de contribuer à la réduction des déchets.
La parole est à vous
Emmanuelle : « Depuis le début de l’année, je fais partie de l’association des jardins St Lazare. C’est un petit jardin à côté des jardins ouvriers rue du chemin de fer à Tours. Une fois le portillon franchi, on y découvre plein de choses… Des petites parcelles de potager principalement, j’ai 2 petits carrés que je partage avec une voisine, on jardine ensemble, c’est elle qui me coache car je n’y connais rien au jardin et je n’ai pas la main verte. Grâce à ce jardin, je prends plaisir à faire des expériences en terre mais surtout à connaître mes voisins. Au fond du jardin, il y a un compost que j’utilise plusieurs fois par semaine. Cette semaine nous avons planté des arbres fruitiers et nous avons utilisé le compost récolté. Acheter ses légumes zéro déchet et utiliser leurs épluchures pour nourrir la terre me remplit d’ondes positives ».
Mélanie : « J’ai commencé à m’intéresser au zéro déchets, il y a 4 ans, en commençant par lire le livre de Béa Johnson. Ça coïncidait également à notre emménagement dans une nouvelle ville, on en a profité tant qu’on n’avait pas encore d’habitude de courses ici. On a commencé par aller au marché qui était tout près de chez nous, puis un magasin de vrac a ouvert sur mon trajet pour aller travailler. J’ai commencé les courses avec des sacs à vrac et je suis rapidement passée aux bocaux directement en magasin pour ne pas avoir à tout transvaser en rentrant. Je fais aussi mes shampoings solides depuis plusieurs années. Malheureusement, j’achète la plupart des ingrédients sur internet et ils sont emballés dans du plastique. Je prends donc des plus grandes quantités pour limiter les déchets. La prochaine étape pour mes shampoings est de trouver des fournisseurs de matière première sans emballages plastiques ».
Manu : « Le matin, j’ai besoin de ma tasse de café. Depuis quelques mois, je le choisis en vrac et surtout certifié de l’agriculture biologique et issu du commerce équitable (COMSA). Cette tasse, mon unique tasse de la journée, je la savoure. Dans mon quotidien, deux actions sont essentielles : faire du ménage dans ma boîte mail et réduire mes recherches sur le web. J’assume également de ne pas avoir de smartphone et je vis très bien sans ».
Charles : « J’achète à présent l’huile d’olive en vrac, ce qui fait que je ne me pose plus la question de la bouteille teintée en verre vide. J’en ai une seule qui me permet de faire la jonction entre la boutique et chez moi. Une fois chez moi, je verse l’huile dans mon huilier et je range la bouteille vide dans mon placard de contenants jusqu’au prochain achat ».
Maya : « Un mode d’entretien écologique pour les espaces verts : l’éco-pâturage, qui permet à la fois la réduction des déchets verts à la source, la préservation de la biodiversité et la chute des nuisances sonores (dues aux engins à moteurs utilisés jusqu’alors). Et puis, dans les zones urbaines, la présence d’animaux, tels que les ânes, les chèvres ou encore les chevaux nous reconnecte à la nature. Leur présence apaise ».
Gladys : « en discutant avec une amie, j’ai pris conscience de la pollution générée par les cosmétiques et les cotons jetables. Pour me démaquiller, j’utilise maintenant des carrés démaquillants lavables et j’en suis satisfaite. J’ai aussi réduit ma trousse beauté : elle se constitue d’huile de jojoba (dont la bouteille est consignée), d’eau florale de rose et d’un savon pour peaux sensibles saponifié à froid. Une trousse simple, naturelle et efficace ».
Paul : « Dans certaines localités, la question du retour de la consigne est à l’ordre du jour. Il s’agit de penser un écosystème permettant la récupération, le nettoyage et la réintégration des contenants, notamment des bouteilles, dans le circuit. Quand on sait que le verre à usage unique demande à être fondu à plus de 1000°C pour pouvoir être recyclé, une filière de réemploi de ce matériau est une urgence sur le plan énergétique. En outre, on devrait remettre à disposition des fontaines publiques, cela permettrait de remplir facilement sa gourde, surtout quand on se déplace souvent, comme c’est mon cas pour le travail ».
Kate : « Je fais une grande partie de mes courses en vrac depuis qu’une boutique a ouvert près de chez moi, il y a environ un an. Le vrac a changé mon rapport à la cuisine : je suis plus audacieuse car je peux acheter seulement la quantité nécessaire pour une recette. Si je n’aime pas, je n’ai pas d’ingrédients qui me restent sur les bras. Grâce à ce mode de consommation, je me suis réconciliée avec la cuisine et en particulier la pâtisserie ».
Samya : « Je ne me souviens pas à quel moment tout a commencé ni quel a été le déclencheur de cette aventure, mais je peux dire que le point de convergence pour faire évoluer mes habitudes pour la maison, les courses, les soins corporels a été le rapport entre l’alimentation et la planète. Le premier changement s’est opéré sur les lieux pour faire les courses : mon conjoint et moi sommes passés du rayon bio d’une grande surface à une coopérative bio locale. Mais le fait que les fruits et légumes ne proviennent pas de la région nous a posé problème, et nous nous sommes reportés sur un marché pas loin de chez nous. En discutant avec la boulangère présente sur ce marché, j’ai découvert qu’il y a un marché un peu plus loin, mais où il y a une allée dédiée aux producteurs bio. Désormais nous faisons (presque) toutes nos courses sur cette allée : légumes – la base de notre alimentation –, fruits, légumineuses, farines, pain, fromage, œufs, etc. nous trouvons tout ce dont nous avons besoin au quotidien, en bio ET local. De temps en temps nous allons compléter en boutique de vrac, sur des produits comme le savon de Marseille vert (qui nous sert comme bloc pour faire la vaisselle et pour la réalisation de la lessive maison) ou encore le vinaigre blanc. Ce que j’apprécie dans ce cheminement c’est avant tout la part de créativité : je suis quotidiennement dans l’expérimentation culinaire et ce qui peut être perçu comme des contraintes que je m’impose sont en réalité pour moi un moyen de me faire davantage confiance et plaisir. Autre aspect que j’apprécie particulièrement : les connexions entre les différents pôles, les passages de la cuisine à la salle de bain (par exemple faire un gommage au marc de café), ou encore de la cuisine à la nature. Nous avons un seau à compost où nous mettons tout ce qui est compostable et plusieurs fois par semaine nous allons à pieds vider notre seau dans un composteur partagé, situé à l’entrée d’un parc, près d’un ruisseau ; du coup, nous en profitons pour associer cette sortie à une promenade pour écouter et regarder les oiseaux. Dans ce parcours, après l’alimentation, je me suis attaquée aux objets : ma volonté de réduire mes achats d’objets en tout genre m’a donné l’impulsion pour me mettre à la couture et je suis dans une démarche de réemploi créatif : je récupère des vêtements en fin de vie pour les transformer en objets utiles (lingettes lavables, SHL, etc.). J’achète peu de tissu et celui que je prends est certifié Oeko-tex ou GOTS, ce qui garantit des tissus écoresponsables. Toutes ces dimensions qui m’animent intérieurement se retrouvent réunies dans un projet concret qui a vu le jour il y a maintenant un peu plus d’un an : la création de l’association Cultures Solid’Air, structure engagée dans les questions d’écologie environnementale et humaine, œuvrant pour la sensibilisation autour de la réduction des déchets à travers l’animation d’ateliers culinaires et créatifs ».